La folie du Cannabis. Entre non-sens et préjudice, Mischa Hauswirth, 2020, préface Dr Christian Sueur

La folie du Cannabis. Entre non-sens et préjudice,

Mischa Hauswirth,

Editions Solanacée, 2020,

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Préface : Dr Christian Sueur, psychiatre, Praticien Hospitalier, président du GRECC.

 

C’est avec beaucoup d’enthousiasme que j’ai accepté d’écrire une préface pour cet excellent livre de Mischa Hauswirth, qui renouvelle, par sa clarté, sa rigueur, et son « encyclopédisme », l’ouvrage de Lynn Zimmer et John P. Morgan, « Marijuana, mythes et réalités », édité il y a déjà 20 ans (1997 pour l’édition originale, et 2000, pour la traduction française).

Comme cet ouvrage « historique », le livre de Mischa Hauswirth rassemble tous les éléments utiles à la compréhension du « phénomène cannabis », tant sur le plan historique que législatif, ainsi qu’au regard des avancées récentes de la biologie et de la médecine vis à vis des cannabinoïdes, validant, de fait, les nombreuses capacités thérapeutiques de cette plante connue depuis la nuit des temps.

Voilà maintenant près de 40 ans que je milite en faveur de la dé-prohibition des drogues, et en particulier du cannabis et des substances psychodysleptiques, et que je prône la réintégration de ces substances dans la pharmacopée moderne. C’est pour ces deux raisons, qu’avec quelques camarades, psychiatres, médecins, sociologues et militants associatifs, nous avons créé le GRECC (Groupe de Recherches et d’Etudes cliniques sur les Cannabinoïdes) au début de l’année 2018, le temps étant manifestement venu, pour la France, de rattraper son retard vis-à-vis de la plupart des autres Pays Européens.

Ces pays européens, à l’instar de la Suisse, sont engagés depuis déjà quelques années, dans cette révolution, tout autant dans la mise en cause des politiques de répression des usages de drogues, inutiles et dangereuses, comme c’est très bien montré dans la préface de Dick Marty, que sur le fait que l’on nous prive, nous, médecins, de substances pharmacologiques d’origine botanique, souvent moins nocives, voire même parfois plus efficaces, que des substances pharmacologiques mises à disposition, légalement, par les grands laboratoires pharmaceutiques de la chimie moderne.

La première partie de cet ouvrage traite de la pénalisation et de la répression persistante de la consommation de cannabis ; la répression policière du quotidien concerne essentiellement les consommateurs, les cultivateurs  et les petits revendeurs. Le trafic illégal à grande échelle lui, est très peu impacté par cette répression au quotidien : on estime que moins de 10 % du cannabis circulant est saisi. Ce marché, en Europe, reste majeur, et les saisies ont augmentées de 165 % de 2000 à 2011, sans que l’on puisse penser que ces saisies concernent plus que ces 10 %. En Suisse, la consommation serait stagnante, mais apparemment, cette consommation continue de progresser en France.

La culture intensive « in door », elle, se développe à grande vitesse, aussi bien pour fournir le marché pharmaceutique légal (Angleterre, Pays Bas), que pour « concurrencer », par la production de cannabis à haute teneur en THC, le marché illicite « traditionnel » du Hachich, provenant du Maroc, ou du Proche et Moyen Orient (Espagne, Pays de l’Est de l’Europe…).

La production de ces variétés de cannabis à « haute teneur en THC » sur le marché illégal est très peu écologique, et provoque des risques supplémentaires spécifiques sur le plan de la santé publique, du fait de l’utilisation de produits phytosanitaires toxiques, et de l’adjonction d’adjuvants comme les cannabinoïdes de synthèse.

Les consommateurs sont malgré tout progressivement de moins en moins poursuivis, dans nombre de pays européens, pour leur consommation, du fait de l’assouplissement des lois et règlements encadrant cette consommation, parallèlement à l’évolution de l’opinion publique dans le sens d’une « libéralisation » de la consommation à titre privée.

Mais c’est désormais autour de la question de la conduite automobile « sous l’emprise de drogues » que s’est déplacée cette répression : et ce, du fait de l’utilisation « au bord de la route », d’analyse biologiques attestant de la présence dans l’organisme de substances cannabinoïdes, au mépris de tout critère rationnel et scientifique vis-à-vis de la concordance entre présence, dosage et réalité des effets  sur la conduite automobile des substances repérées (compte tenu de l’absence de corrélation entre effets et doses, avec les cannabinoïdes, à l’inverse de l’alcool).

(…)

Préface au Livre